François Caradec, French Writer and Pranks Encyclopedist, RIP [English & French]

From André Gattolin:

François Caradec, French post-dadaà¯st writer, died Thursday, November 13, 2008 in Paris. He was 84 and was renowned as one of the best specialists of French marginal and creative literature of the 19th and the early 20th century. He was a connoisseur of Alphonse Allais (one of the first French literary hoaxers), Alfred Jarry, Isidore Ducasse de Lautréamont and Raymond “Crazy” Roussel.

A close friend of many surrealist writers, Caradec was also Regent of the Pataphysic College and part of the “œuvre de littérature potentielle” (Oulipo) created by Georges Pérec.

In 1964, he published (with his accomplice Alain Arnaud) one of the most relevant encyclopedias ever written on pranks, pratical jokes and hoaxes called Dictionnaire des farces et attrapes.

I unfortunately never met him but I had the wonderful chance, two years ago, to review a copy of this very rare and marvellous book”¦

If heaven really exists, its inhabitants will, from now on, have to face Caradec”™s pranks for eternity!

Here’s his obituary from Le Monde:


François Caradec, French Writer and Pranks Encyclopedist, Dies at 84
by Patrick Kéchichian
Le Monde
November 19, 2008

François Caradec, écrivain et historien de la littérature, est mort à  Paris jeudi 13 novembre des suites d’une longue maladie. Il était âgé de 84 ans. Mémoire érudite de la littérature de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, il s’intéressait plus à  ses marges et à  ses marginaux qu’à  ses monuments.

D’Alphonse Allais, dont il était le fin connaisseur, le biographe (Belfond, 1994, et Fayard, 1997) et l’éditeur (Laffont “Bouquins”, “Poésie-Gallimard”…), il avait hérité l’esprit de facétie associé à  la plus grande rigueur. Ombrageux parfois, mais toujours impatient de faire partager l’objet de ses recherches, il était avare de confidences sur lui-màªme. Il y a sept ans, il donna cependant entretien détaillé et savoureux à  la revue Histoires littéraires (n°8, octobre-décembre 2001).

Né à  Quimper en 1924 – son père médecin lui apprendra quelques chansons de salle de garde… -, le jeune Caradec nourrit une passion enfantine pour l’épigraphie latine et ràªve d’entrer à  l’Ecole des chartes. La guerre l’en empàªche. Evacué de Lorient bombardé par les Anglais, il se fait engager comme typographe à  L’Echo breton de Quimperlé. “Composer un texte lettre par lettre, mot par mot, placer les virgules o๠les a voulues l’auteur, confia-t-il à  la revue Histoires littéraires, c’est un travail critique du texte qu’aucune autre méthode ne peut égaler.”

Durant l’Occupation, il se retrouve à  Paris, fréquente assidà»ment la librairie La Maison des Amis des livres, rue de l’Odéon, et fait la connaissance de sa fondatrice, Adrienne Monnier, et de l’écrivain Maurice Saillet. Le magasin est alors le lieu de rendez-vous de l’édition et de la littérature. “En fait de vie littéraire, c’était plutà´t la vie de quartier”, expliquait Caradec. Il croise là  Michel Cournot, Pierre Dumayet, les poètes Henri Pichette, Yves Bonnefoy, Henri Michaux – “le plus important pour moi à  cette époque” -, Pascal Pia, Maurice Nadeau… Et puis aussi Michel Leiris et Raymond Queneau.

Les cafés parisiens sont alors un autre lieu important pour Caradec. Dans les années d’après-guerre, ce furent notamment le tabac Saint-Sulpice, jadis fréquenté par Verlaine, ou chez Moineau, rue du Four… “Aujourd’hui, l’un de ces cafés vend des sacs à  main et l’autre des fringues pour Japonaises“, disait-il. En 1986, il établissait une géographie intime, presque autobiographique, des bistrots dans La Compagnie des zincs (Ramsay, et Seghers, 1991). Des bistrots aux cafés-concerts, il n’y a qu’un pas chronologique à  franchir. Outre un grand livre sur le sujet qu’il signa avec Alain Weill (Hachette, 1980, et Fayard, 2007), Caradec est aussi l’auteur d’une biographie de Jane Avril (Fayard, 2001) et d’un livre sur le Pétomane (Le Pétomane au Moulin-Rouge avec Jean Nohain, Pauvert, 1965, Mazarine, 2000).

Dans l’édition, François Caradec fit à  peu près tous les métiers : “L’essentiel pour moi était de toucher les livres, de toute façon ce n’était pas ceux-là  que je lisais. J’aimais faire les paquets, et dans les réserves monter les piles.” Il passa de chez Dunod à  Hachette, fit quelques travaux mercenaires, tint des stands à  Francfort, et lança une collection de classiques de la bande dessinée chez Pierre Horay : “La première édition de Little Nemo, des inédits de Christophe en màªme temps que sa biographie, Vie privée et Vie publique de Monsieur Réac de Nadar, tout Tà¶pffer en un volume…” A partir des années 1970, il participa aux travaux du Syndicat des écrivains de langue française (SELF), puis à  ceux de la Société des gens de lettres (SGDL).

Régent du Collège de “pataphysique” – “une science qui était nà´tre et que n’avait pas encore phagocytée l’université” -, François Caradec, qui entra à  l’Ouvroir de littérature potentielle (Oulipo) en 1983, est l’auteur d’une oeuvre critique considérable. Mais le mot “oeuvre” est un peu trop solennel… Ses livres forment plutà´t un édifice, construit au gré de l’humeur et de la curiosité, des rencontres et des affinités. Un Dictionnaire des farces et attrapes (avec Alain Arnaud) l’inaugura en 1964. Première collaboration avec Jean-Jacques Pauvert. Elle sera suivie de réalisations communes, notamment autour de la revue Bizarre et de Raymond Roussel. Sur l’auteur d’Impressions d’Afrique, il publia une biographie en 1972 – reprise et augmentée en 1997 chez Fayard, son éditeur le plus fidèle – et dirigea, toujours chez Pauvert, une première édition des Å’uvres complètes.

Parmi ses essais biographiques, il faut citer aussi Isidore Ducasse, comte de Lautréamont (La Table ronde, 1970, Gallimard, 1975), A la recherche d’Alfred Jarry (Seghers, 1974), Willy, le père des Claudine (Fayard, 2004)… Il y a quelques jours paraissait, chez Fayard, un premier roman, policier de surcroà®t, Le Doigt coupé de la rue du Bison, qui recèle des indications cryptées sur sa vie et ses passions… Dans l’entretien d’Histoires littéraires, il avait fait cet aveu : “Je n’ai fait qu’une seule chose dans la vie, c’est lire : il n’y a pour moi qu’une réalité dans la vie, elle est dans les livres. J’ai réussi la seule chose qui me plaisait dans la vie.

photo: chamontin.nom.fr